Long Is The Way

C’était il y a un an et demi, quand on s’est mis à parler de ce projet de voyage.

Je me souviens de tous ces rêves qui nous semblaient inaccessibles. Le Transsibérien, la Grande Muraille de Chine, les steppes de Mongolie, la jungle tropicale, les plages paradisiaques, le Mekong, le Taj Mahal, l’immensité de Seoul.
Je me souviens de notre gourmandise à l’idée de manger tous les jours de la cuisine asiatique.
Je me souviens de l’attente interminable du jour J, il y a un an, le 16 avril 2008. On ne savait pas ce qui nous attendait, mais on savait que ça allait être bon.

Comme dans un film au ralenti, on peut aujourd’hui passer d’un endroit à l’autre, d’un univers à l’autre. Les couleurs du Rajasthan en Inde, le sourire des enfants de Don Det au Laos, la beauté de l’Hindouisme balinais. Tous ces lieux font aujourd’hui partie de nous.

Au delà de ces moments, c’est vous, amis de voyage, qui avez rendu cette année inoubliable. Vous nous avez tracé le chemin depuis la ligne du Transsibérien, vous avez donné du piment au Pad Thai, vous avez donné du relief aux montagnes de l’Himalaya.
On rentre en France demain et vous rentrez tous avec nous. On espère tous vous revoir demain ou dans plusieurs années, peu importe. Le hasard a été généreux pour que nos chemins se croisent et il le sera encore. Nous allons nous poser à Paris dans un petit appartement près de Montmartre. Notre porte vous sera toujours ouverte.

Pour nos familles et nos amis en France, vous n’imaginez pas à quel point vous nous donnez la force et l’envie de rentrer. Même si on n’arrête pas d’y penser, on ne se rend pas encore compte que nos retrouvailles sont si proches.

A demain pour certains, à bientôt pour d’autres !
Véro & Louis

On rentre en France :
– après 1 an et 1 jour de voyage,
– après avoir traversé 19 pays… Hongrie, Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Russie, Mongolie, Chine, Malaisie, Singapour, Indonésie, Thailande, Laos, Cambodge, Vietnam, Nepal, Inde, Coree, Japon !
– après avoir packé nos sacs plus de 100 fois,
– après avoir passé 1042 heures dans les transports (bus, train, avion, bateau). Oui, oui, les calculs sont justes, vous n’hallucinez pas, on a bien passé 1 mois et 13 jours dans les transports. Le bus restant le transport qui marque le plus de points (470h), suivi de près par le train qui reste notre moyen de transport préféré (378h), le bateau (100h), l’avion (60h) et la moto (34h),
– après avoir marché durant des centaines et des centaines d’heures,
– après avoir bronzé au soleil, gelé dans le vent glacial,
– après avoir chassé les moustiques et les cafards,
– après avoir appris des « merci-bonjour-au revoir » dans plein de langues ou dialectes différents…

Après tout ça, oui, on revient en France.

Notre dernière escale avant le retour en France… on a décidé de la passer sur une ile paradisiaque.
Tioman Island, sur la côte Est de la Malaisie. Jungle, plage, soleil et douceur de vivre.
On suspend le temps une dernière fois avant de rentrer en France…

Histoire de repenser à cette année qui vient de s’écouler. A ce rêve qu’on a réalisé. A tous ces rêves qu’ils nous restent encore à réaliser…

Encore une fois, on arrive dans un pays qui ne ressemble en rien aux autres : la Corée.

Modernité, rythme de vie, visages, technologies…
Tout nous surprend : on est sûrement restés trop longtemps trop loin de la civilisation ! Ca fait du bien le confort, vous ne pouvez pas imaginer !
Tu pousses le bouton de la lumière et tu as de la lumière !
Tu ouvres le robinet d’eau chaude et tu as de l’eau chaude !
Tu cherches ton chemin et tu trouves un plan du quartier en face de toi !
Tu prends un billet de bus et personne n’essaie de te le faire payer 3 fois plus cher !
Tu entres dans un magasin et personne ne te harcèle pour que tu achètes le beurre, l’argent du beurre, le sourire de la crémière et la boutique en prime !

Enfin, bref… on passe d’une Asie à une autre. Comme d’habitude. On adore la désorientation des premiers jours. On se laisse surprendre par de toutes petites choses qui deviendront invisibles après quelques jours d’adaptation.

Même après 11 mois de voyage, on n’est pas vraiment préparé à la Corée… un accueil si chaleureux, tant de sourires, tant d’amitié. Du coup, on a l’impression de vivre au pays des bisounours ! On passe de bonnes surprises en bonnes surprises !

Voilà ce qui arrive quand on cherche son chemin :
Pas le temps de jeter un coup d’œil sur une carte, un guide, un plan… Trois jeunes sont déjà autour de toi, anglais-dégainé : « may I help you ? ».

Voilà ce qui arrive quand on visite un quartier typique de Séoul :
Une petite dame s’adresse à toi, en coréen, évidemment… elle te fait la discussion. Voyant qu’on ne comprend rien, elle sort ses deux mots d’anglais : « house, welcome ». C’est comme ça qu’on la suit dans les méandres des petites rues du quartier pour… visiter sa maison à l’architecture traditionnelle !

Voilà ce qui arrive quand on pousse la porte d’un love motel :
Oui, c’est pas toujours simple pour les couples coréens d’avoir de l’intimité… Du coup, il existe plein de love motels prêts à accueillir les couples. Pour nous, peu importe, guest-house ou love motel, on a surtout besoin d’un toit ! Le love motel est juste un hotel classique… + le savon-shampoing-après-shampoing + le lait pour le corps homme ou femme + le sèche-cheveux + le frigo + le thé-café-jus de fruit-fontaine d’eau + la télé écran plat d’un mètre de large… Bref, c’est le luxe alors que c’est l’hotel le moins cher de Corée ! Ca a du bon quand même… de revenir à la civilisation !

Voilà ce qui arrive quand tu retrouves des amis de famille :
Tu ne les connais pas mais ils te sortent, ils te nourrissent jusqu’à trop plein, ils te font boire… Ils te racontent des histoires d’amitié de 40 ans… mais surtout, tu comprends que c’est l’amitié qui est en train de se transmettre de génération en génération. C’est quelque chose qu’on connaît moins en Europe, cette amitié inconditionnelle.

Voila ce qui arrive quand tu veux un moment romantique :
Plutôt que d’aller au cinéma avec plein d’autres gens, il faut s’arrêter au DVD bang ! Littéralement « la chambre de DVD ». Tu choisis ton film et tu le regardes en tout petit comité, toi et ton amoureux, dans une petite pièce, dans un canapé sur-confortable avec écran géant ! C’est génial !

Voilà ce qui arrive quand tu vas au resto :
Tu commandes deux-trois plats que tu partages avec ton ami et… tu vois la serveuse t’amener 1, 2, 3, 4, 5 petites coupelles avec du kimchi (choux pimenté et fermenté… un délice !), des racines de lotus, des petites fritures, des épinards-sésame, des patates douces, du radis vinaigré… plein d’assortiments pour accompagner les plats déjà copieux ! Bref, quand tu vas au resto, faut pas avoir peur de se remplir la panse de mets délicieux !

Le bonheur est dans les choses simples en Corée… encore un héritage de notre ami Confucius 😉

Voilà ce qui arrive quand tu t’inities à la cérémonie du thé !

Enfin, voilà ce qui arrive quand tu pousses la porte d’un temple… Tu es subjugué par l’harmonie, les couleurs, la beauté des temples coréens.

A quoi ressemble Séoul ?
Séoul est un savant mélange entre la modernité de Hong-Kong, les températures extrêmes été comme hiver de Pékin et la frénésie de Bangkok !

Hyper moderne, hyper développée, toutes les infrastructures sont neuves, brillent de technologie. Les immenses buildings dominent la ville. Détruite pendant la guerre, la ville a été reconstruite et modernisée, notamment avec l’aide des Etats-Unis, alors en pleine guerre d’influence face au communisme de la Corée du Nord.
Evidemment, la population aussi est en plein dans la révolution technologique : gadgets technologiques en tout genre, télévision sur téléphone portable, écran LCD à chaque grand carrefour de la ville… On ne peut pas le louper : la Corée a un train d’avance sur l’Europe !

Séoul est une ville incroyable… Malgré une densité très élevée, Séoul est la première grande ville du voyage où on s’est dit : « tiens, on pourrait s’y poser » !

Il règne une espèce d’énergie vibrante partout dans la ville : centre commerciaux, petites échoppes, maisons de thé, restaurants de rue, show de danseurs hip hop devant les grands magasins, marchés couverts, marchés en extérieur été comme hiver, vendeurs de sucreries… On ne peut pas s’ennuyer une minute ! En marchant dans la rue, on mélange notre bonne humeur à celle des gens !

Et puis, il y a les quartiers traditionnels, les temples… On ne peut pas s’ennuyer une minute. On peut visiter Séoul mais c’est avant tout est une ville à expérimenter, à vivre.

En Corée, le taux de fécondité est de 1,20 par femme (Courrier International d’avril 2009). Le Japon ne fait pas beaucoup mieux avec 1,25. Ce qui signifie que le renouvellement de la population n’est plus assuré… Selon un rapport sur l’état de la population mondiale publié par les Nations Unies, en 2300, on ne compterait plus que 20 000 coréens et 30 000 coréennes… C’est dramatique pour le pays, son économie, son développement (il n’y a que pour l’environnement que c’est une bonne nouvelle !).

Plusieurs choses expliquent ce taux très très bas.
– La compétition est très forte. L’enfant doit toujours être en avance sur ses camarades. Le coût de l’éducation d’un enfant est donc lourd pour les familles : elles investissent beaucoup de temps, beaucoup d’argent pour les internats, cours particuliers, les académies spécialisées… Elles sacrifient aussi une petite partie d’insouciance pour que l’enfant puisse toujours avoir ce coup d’avance. On est parfois surpris de voir des enfants qui travaillent tant à l’école et qui n’ont plus trop le temps de s’amuser.
– Les structures pour la petite enfance n’existent presque pas (même si les nouvelles politiques sont en train de construire des crèches et garderies)
– Les perspectives d’avenir ne sont pas assez encourageantes… ni les incitations des gouvernements…

Avoir plus d’un enfant est un choix très engageant pour les familles.

Venir en Corée au printemps, c’est un moment génial pour partir à la recherche du cerisier en fleurs ! C’est tellement beau… Du coup, pour nos escapades dans la campagne coréenne, on a choisi les régions réputées pour leur nature généreuse !

Une route de 6km en pleine campagne, avec des champs et des rizières à perte de vue, entourée de cerisiers en fleurs ! En plus, cette route mène à un très beau temple, le temple de Ssanggyesa (Hadong). Un vrai bonheur pour les romantiques 😉
La montagne Namsan, à coté de Gyeongju nous a aussi transportés dans une très jolie nature.
Les coréens sont fans de marche… avec une si belle nature, on peut comprendre !

On est arrivé en plein hiver : il faisait à peine 4-5°… on repart avec un beau soleil de printemps qui chauffe à 20° ! On a eu de la chance, encore une fois… on reviendra, promis !

En Corée, on parle beaucoup de l’héritage confucéen en évoquant le respect des anciens, la connaissance, le savoir… On dit que la Corée est encore très marquée par cette philosophie, cette religion. Finalement, je me suis demandée qu’est ce que le Confucianisme ? Qui était Confucius ? Que reste-t-il de cette philosophie en Asie ? En Corée ? Question métaphysique, hein ?

Le confucianisme est une doctrine politique et sociale qui vient du nom de Confucius, le philosophe, le sage, le connaisseur des textes anciens.
Confucius (-551, -479), fils d’un notable chinois sous la dynastie Han, était persuadé qu’il fallait éduquer l’individu et la famille à la vertu pour réformer la société chinoise. Tout homme, n’étant ni bon, ni mauvais à la naissance peut devenir un sage (ou un sot !).
En effet, pour lui, « qui voulaient organiser l’État, réglaient leur cercle familial ; ceux qui voulaient régler leur cercle familial, visaient d’abord à développer leur propre personnalité ; ceux qui voulaient développer leur propre personnalité rendaient d’abord leur cœur noble ; ceux qui voulaient ennoblir leur cœur rendaient d’abord leur pensée digne de foi ; ceux qui voulaient rendre leur pensée digne de foi perfectionnaient d’abord leur savoir » (source : Encyclopédie des religions de Gerhard J. Bellinger)

Question influence sur la société, on dit que Confucius a influencé l’Asie de l’Est de manière comparable à Platon ou à Jésus. (source Wikipedia !)

Vous comprenez pourquoi cette philosophie a ancré l’importance du savoir, de la connaissance, de la vertu… Dans la société coréenne actuelle, on retrouve ces valeurs. En voilà quelques exemples :
L’ensemble des codes sociaux, politiques, familiaux reposent sur le respect des ancêtres, l’obéissance aux aînés, le respect des devoirs envers sa famille… Cette morale confucéenne apporte stabilité et respect dans la société. On ne verra jamais un petit vieux être debout dans le métro, un jeune lui cédera toujours sa place. De même, on ne contredit pas un parent, on ne remet pas en cause l’enseignement d’un professeur, celui qui détient le savoir.
Ce principe est vraiment séduisant… et pourtant, j’ai envie d’y ajouter quelques nuances (je ne suis pas coréenne !) : un peu de sens critique, un peu d’innovation et de place pour les jeunes idées, les jeunes génération ne peut pas faire de mal ! Si les principes confucéens sont trop figés, ne risque-t-on pas d’étouffer les initiatives, les esprits créatifs, les esprits qui voudraient aller sur des routes alternatives ?

De même pour les femmes qui n’ont pas toujours eu une grande place dans la société coréenne : même si les choses changent (elles ne sont plus subalternes des hommes/maris depuis les différentes réformes, manifestations de 1894 ou de 1922 ou depuis les révolutions à la suite de la 2nd Guerre Mondiale ou la Guerre de Corée), les femmes restent souvent dans un rôle de femme au foyer (rôle qui leur avait été conféré avec le confucianisme). On dit que 50% des femmes de la population actives ont un emploi, ce taux baisse avec le mariage et le 1er enfant. Ce document donne un éclairage sur les évolutions de la femme coréenne et sur le statut qu’elle a aujourd’hui.
A lire !