Catholique ou pas, une grande partie de l’Inde fête la Saint Valentin ! Pour certains, la célébration passe par une procession haute en couleurs, rythmée par les percussions, enivrante de spiritualité. Ce qui surprend, c’est que toutes les religions participent à ces manifestations. Il n’y a pas d’exclusivité pour les chrétiens !
Dans les villes et les régions plus modernes, on la célèbre également comme la fête des amoureux. Les couples sortent, flirtent, se déclarent leur amour… Dans une société indienne en mutation, les courants conservateurs et progressistes s’opposent violemment sur le terrain glissant du respect des traditions hindoues !
Le mouvement extrémiste hindou, mené par Sri Ram Sene, condamne toute transgression aux règles strictes de l’hindouisme. Les couples non mariés se fréquentant à l’occasion de la Saint-Valentin sont perçus comme une invitation à la débauche. Véritable affront à la culture hindoue traditionnelle !
Les « talibans hindous » comme on les surnomme ici, sont déjà connus en Inde pour des appels à la violence envers des jeunes filles prises en « flagrant délit » de promenade main dans la main avec leur petit ami… L’état du Karnataka (au nord de Bombay) a été victime de nombreuses agressions envers des femmes ces derniers mois. Pourtant considérée comme l’égale d’une déesse, la Shakti, compagne de chaque dieu, selon les textes traditionnels hindous, la femme est très souvent méprisée et battue. Elles ne croisent jamais le regard d’un homme, elles détournent le regard pour un rien tel un oiseau craintif, elles peuvent être reniées par les familles si leur mari décède, elles peuvent être battues ou brulées vives si la dot n’est pas donnée en temps et en heure… La fascinante femme indienne porte un rôle bien difficile dans la société hindoue du 21ème siècle.
Pour la Saint Valentin, le groupe extrémiste hindou a encouragé tous ses membres à patrouiller dans les bars et restaurants pour emmener au temple et marier de force tous les couples non mariés !
En réponse à ce mouvement d’intimidation, de menace et de violence, un groupe de femmes indiennes, libérées, les Pink Chaddi Movement, ont créé un espace sur Facebook réunissant plus de 50 000 membres en quelques jours pour mener une contre-offensive… Leur idée ? Faire chauffer les esprits du leader du parti extrémiste hindou avec des sous-vêtements et sarees roses plus que sexy que chaque membre du Pink Chaddi va lui envoyer! La femme indienne se libère du carcan traditionnel. Elle aussi peut provoquer !
On ne connaît pas le fin mot de l’histoire… mais ce qui est sûr, c’est que cette bagarre révèle le profond malaise de la place de la femme en Inde. Les femmes actives pour faire changer le regard des hommes sur les femmes sont généralement mal considérées. Le conservatisme de certains ralentit le développement social du pays. Un pays qui prend sa place dans l’économie mondiale mais qui reste encore très en retard en terme de développement social.