La moyenne nationale d’abandon est de l’ordre de 16% (source: ONG locale)… Vous imaginez le nombre d’orphelinats et de gamins des rues… vendant des bouquins, des bracelets, de l’artisanat (et remettant une belle commission aux « prêteurs »). Ces gamins n’ont pas la vie facile. Ils se déforment surement le dos avec ces 10-15 kg de livres sur l’épaule… ils en voient de toutes les couleurs avec des touristes qui les ignorent ou qui les évitent. C’est pas toujours facile de les voir dans la rue.
Et pourtant, ces enfants sont encore des enfants : ils adorent rire, jouer ! Avec un peu d’imagination, on les sort de leur mendicité déguisée ! On peut jouer avec eux, dessiner, blaguer.
Alors, on leur offre ces quelques minutes qui leur redonne leur sourire, qui leur redonne leur visage d’enfant. Ils apprennent l’anglais à l’orphelinat avec des volontaires des 4 coins du monde (travailler dans le tourisme est peut-être leur meilleure porte de sortie).
Un soir, une petite puce de 8 ans, 15 kg de livres sur l’épaule vient dans la salle de restaurant de notre guest-house. Tout de suite, on lui explique qu’on n’achètera pas de livres mais qu’on peut jouer ensemble. Elle nous regarde avec ses yeux, tout ronds :
– « Jouer ? »
– « Oui, jouer. Tu connais ce jeu ? » Je dessine un quadrillage et commence un rond-croix.
– « Oui, oui, je connais ! »
On fait quelques parties et on commence à dessiner : une maison canbodgienne sur pilotis, une maison française avec cheminée.
Elle a de très jolis ongles peints en bleu avec des fleurs roses et blanches.
– « Tu as de très jolis ongles ! »
– « Je les ai fais moi-même », fièrement.
– « Whaou, tu as beaucoup de talent ! »
– « … c’est quoi talent ? »
– « Talent, ça veut dire que c’est très très bien fait. Tu as vraiment beaucoup de talent. »
Voila, cette petite puce qui n’a pas beaucoup de chance dans la vie vient d’apprendre un nouveau mot en anglais. Et surtout, on peut voir dans ses yeux une belle lueur. Une lueur qui disait : peut-être que j’ai une chance après l’orphelinat… A moins que ce soit nous qui imaginons, qui espérons que cette lueur devienne réalité.